Fréderic Gouchard : Chronique hebdomadaire d’un socialiste ordinaire. -épisode 1-

Publié le par letang-moderne

parti-socialiste10b.jpgFrédéric habite la Gironde, comme il pourrait habiter le Lot. Il est socialiste, membre du parti, mais il pourrait ne pas l’être. Il aime bien Benoit Hamon, il le trouve à la fois sérieux et de gauche. Sous chef de rayon à carrefour, ou contremaitre dans une usine qui construit des sous-marins nucléaires bios, il est fier d’être chef, secrétaire de sa section de socialiste depuis quelques jours , il découvre avec un intense bonheur  ce  qu’il croit être le pouvoir et son ivresse.

Il fait des fiches en carton saumon, pale, il découpe sur une carte chaque quartier de sa ville avec application et méthode. Ce quadrillage planimétrique de son biotope lui procure une joie inavouable… chaque semaine, réunion de section après réunion de section, il expose longuement, l’avancé de ses travaux. Plus aucun point de la ville ne lui est étranger. Il connaît le nom des rues par cœur, dans  chaque artère, dans  la moindre venelle, il a tracé un repère, un signe que lui seul comprend.

Cette responsabilité que lui ont confiée les socialistes, le Maire, la conseillère générale, et même le député, qui sont tous trois adhérents sa section, lui procure une immense fierté. Lui qui était si longtemps moqué pour son pointillisme sourcilleux, inquiété par ses penchants suspicieux, méfié pour ses enquêtes quasi-policières était devenu grâce à son travail, son acharnement, le secrétaire de la section la plus puissante de la circonscription.

Oublié le physique ingrat qui alimentait toutes les vannes du canton, oublié l’enfant qui faisait fumer les crapauds, découpait les chats en rondelles, dénonçait ses petits camarades lorsqu’ils recouvraient la mairie de tags rouges et noirs. Tout cela est fini, il est le chef !physique-ingrat.jpg

Chef coopté et incontesté, son élection fut une surprise, y compris et surtout pour lui même, se pensant très très, mais vraiment beaucoup, à la gauche de son parti, il était encore tout  ébaubi par son succès. Emerveillé par son approche toute silencieuse, pas un mot plus haut que l’autre, pas la moindre contestation publique face à la dérive droitière de son parti, il se félicitait tous les jours en secret d’avoir était un des premier de l’aile gauche de son parti à soutenir quasi-publiquement Dominique Strauss-Kahn.

Il avait appris la mésaventure du Carlton avec un vrai soulagement, le  brutal empêché, il pourrait dorénavant affirmer son ancrage progressiste, tout en ayant donné les gages nécessaires  de loyautés aux amis de l’ex patron du FMI.

Pendant les primaires du mois décembre, il n’a pas ménagé sa peine, il avait adossé à son profil Facebook le signe de Batman ,à la fois indice  et signal de son engagement total auprès de Martine Aubry !

Les résultats du premier tour n’étaient pas encore connus, que convaincu par l’argumentaire lettre d’Arnaud Montebourg, il affirmait son soutien à François Hollande.

Cette perspicacité, cette clairvoyante finesse, cette lucidité intelligente et sagace le font presque rougir de lui-même…

bol-de-sang.jpgRien d’étonnant a ce que la section unanime ait voté pour lui en remplacement de l’ancien secrétaire de section, décédé brutalement en apprenant la nomination de Valls au ministère de l’intérieur. Le vieux Luis  était un immigré espagnol, ancien des brigades internationales, il ravissait les assemblées en comptant les aventures de Buenaventura Durruti. Mais le Papi, comme l’appelle Fréderic, n’était plus dans le coup, personne n’osait le débarquer, mais tous attendait du sang neuf.

Fréderic Gouchard était ce sang neuf !

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D
j'adore "le chef coopté... son élection fut une surprise" !
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