Entre deux orages…

Publié le par letang-moderne

191897273_7f321585c3.jpgL’espace dans lequel on vit regarde la ville du bord des trottoirs. Les trottoirs… Ces esplanades surélevées de quelques centimètres pour ceux qui crapahutent. Dans la gâtine humanoïde qui surplombe le chahut des gens qui vont, sur la chaussée, perce la bouillasse de la confusion des femmes et des hommes qui éclatent de  la lueur topaze des taxis.

Des  trombes d’eau attendent, suspendues entre deux cumulus, des trombes d’eau attendent leur moment. Les chevelures toquées des filles qui errent sont autant de signalisations masquées  d’une foule sans nom, de rues sans plaque. Quelques chiffres exaltés promènent leur légende  le long d’un parcours élémentaire.

La cohue qui joue des épaules hante l’anonymat de la foule ordonnée. Qui du ciel ou de la terre résistera à la tension électrique de l’aqueuse grisaille qui se répand, se délaie, s’étend ?

Il faut avoir la nuque droite au moment de rentrer dans la mêlée. Quand l’œuf  s’éventre, et que le cuir pourrait s’écailler de l’orgueil qu’il  engendre, les faibles se décousent, s’étripent, s’éventrent.

On dirait qu’il pleut. J’argote et je jargonne. J’enquête, j’interroge, je sonde…je  braille des mots juste pour subsister. Comme la goute de vin qui coule le long du cristal lorsque décidemment, il n’y a plus rien à boire !

J’ai une nuque d’acier. A rompre la glace, à  moquer les éclairs. Grêler, les grêlons. Les nuées qui s’entassent n’obscurcissent en rien l’horizon, je suis plus fort. Tandis qu4092282915_ba13afd8f7.jpge le monde s’inonde de la facilité des pluies d’été, je me retourne encore une fois. Les bourrasques de flotte glacée qui s’abattent sur ma destinée giclent le long de mon fatal malheur.   J’aime l’ondée et sa mécanique gloutonne. J’aime les langues de goudrons qui suivent les trottoirs. Les larmes d’ici et d’ailleurs sont des fleuves paisibles que seuls les  tourmentes orageuses révèlent au passant  de l’été.

C’est à ce croisement. Pile à cette intersection que se rencontrent les prouesses et les  frayeurs. Le carrefour des exploits et des terreurs. Entre agitations fiévreuses et imperturbables patiences se trouve l’équateur de notre sereine frénésie.

Il faudrait résister et je consens. Il faudrait chercher la quiétude et je n’espère que du tonnerre et de la foudre ! La raison oublie vite ce dont l’œil s’éprend et ce que l’œil rejette, finalement titille le raisonnement.

Qu’importe à présent les a368161360_ca3cdc94c3.jpgverses qui s’abattent. Terreur éphémère de la bourrasque, le ciel est déjà là qui s’illumine de l’inflexible géographie  de nos immuables espérances !

Que le diable s’occupe du plomb qui tombe du ciel, et qu’il me laisse enfin humer le parfum  timide qui s’écarte des nuages. Etrange senteur qui enveloppe l’aube et le soir, comme une légère fragrance béate qui heurte les délices de nos songes.

Que j’affectionne la colère de Jupiter !  Les traits du soleil sont déjà là. Qu’importe à présent les pluies de pierres, le plomb est dans la tête et les sautillements de ton souffle d’été apaisent les grognements du tonnerre qui s’éloigne…

L’orage est une douce racaille.

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D
<br /> Avant d'aller me lover dans un réconfortant sommeil, j'ai fait provision d'espoir et d'esprit de conquête en m'inspirant du texte suivant sur notre grand Jaurès, mais l'envie m'est venue de<br /> revenir glaner quelques belles images mélancoliques et puissantes à la fois afin d'en nourrir mes rêves. Merci, tout simplement.<br />
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